L’IA représente bien plus qu’un simple outil de productivité pour les entreprises ; elle est un moteur de transformation profonde des usages, des compétences et de l’identité même des organisations. Pour surmonter les appréhensions et assurer un déploiement systémique et efficace, il est impératif que les dirigeants deviennent des utilisateurs avertis, en s’appuyant sur l’engagement de leurs collaborateurs.
L’objectif principal est d’ancrer l’IA profondément dans la culture d’entreprise, modifiant les pratiques, les perceptions et les aspirations. Souvent, l’IA évoque des représentations frappantes, parfois inquiétantes, issues de l’imaginaire de la science-fiction et de mises en garde alarmistes. Une étape cruciale consiste à apaiser ces appréhensions.
Toutefois, les inquiétudes sont également d’ordre social, concernant le futur des métiers, la transformation des compétences ou la suppression de certains postes. Les cadres doivent oser discuter de ces sujets en toute transparence, sans en sous-estimer l’importance. Une approche ludique et exploratoire de l’IA, sans pression de résultat, favorise une appropriation libre et motivante par les équipes.
L’IA va bien au-delà de la productivité
Concernant l’IA en milieu professionnel, les discussions se concentrent souvent sur l’accroissement de la productivité, l’automatisation et les bénéfices opérationnels. Cette perspective fonctionnelle, qui positionne l’IA comme un outil de performance, demeure prédominante dans les approches managériales actuelles.
Aujourd’hui, le cadre actuel est dépassé. La technologie ne représente plus une simple question technologique ; l’IA se mue en une infrastructure discrète mais fondamentale de la société. À l’instar de l’électricité ou d’Internet, elle modifie les compétences, les pratiques, les attentes, et par conséquent, la nature même des entités.
L’utilisation de l’IA n’est pas uniforme ; elle varie grandement selon les fonctions de l’entreprise. L’impact ne sera donc ni identique ni d’égale intensité pour tous les départements.
Effectivement, l’intégration de l’IA dans le monde professionnel représente un défi, rendant la reconversion professionnelle essentielle pour s’adapter aux nouvelles exigences.
Les métiers relevant du domaine créatif connaîtront des changements profonds, voire une redéfinition. Par exemple, au sein du secteur marketing, l’ensemble de la chaîne de valeur peut tirer parti directement des contributions de l’IA générative. Loin de freiner la créativité, l’IA peut au contraire l’encourager.
En revanche, les rôles exigeant des compétences quantitatives ou mathématiques, tels que ceux liés aux opérations d’entreprise, connaîtront une transformation plus progressive. Ces fonctions demandent une rigueur et une précision élevées, avec une tolérance minimale à l’erreur. L’IA, ayant parfois tendance à générer des réponses approximatives ou inventées, ne maîtrise pas encore pleinement ces exigences.
Les dirigeants se doivent d’être des utilisateurs avancés de l’IA
Pour une organisation, intégrer l’intelligence artificielle ne se limite pas à suivre l’innovation ; c’est s’adapter à un monde en mutation constante. La question est de savoir où, comment, et avec qui la mettre en œuvre.
L’IA induit un changement fondamental dans l’interaction avec les outils. Comparé aux précédentes évolutions numériques, elle ne constitue pas une simple extension de l’ordinateur. Il s’agit d’une technologie inédite, dont il est crucial d’appréhender les logiques, les opportunités et les contraintes. Pour un leader, cela implique avant tout d’adopter l’outil personnellement, en l’intégrant à ses propres pratiques.
Un expert du domaine a d’ailleurs souligné que :
« Encore une fois, c’est une transformation complètement systémique de la façon de travailler. Donc les dirigeants qui ne vont pas, dans les trois prochaines années, utiliser l’IA au cœur de leur métier de dirigeant, ils vont être complètement sous-optimales. Ce n’est pas suffisant, mais c’est absolument nécessaire que les dirigeants soient power users sur l’IA. »
Pour ceux en reconversion professionnelle dans le domaine de l’IA, il est serait également temps adopter personnellement cette technologie.
Les leaders doivent donc se transformer en utilisateurs actifs, capables de réaliser des tests par eux-mêmes, de déterminer les domaines générateurs de valeur, les limitations et les exigences réelles.
Une approche efficace consiste à s’appuyer sur des collaborateurs déjà enthousiastes ou experts en IA. Souvent présents à des échelons intermédiaires, ces profils peuvent devenir de véritables catalyseurs internes. En créant des communautés d’apprentissage, en organisant des ateliers ou en partageant leurs expériences, ils incarnent une transformation tangible, horizontal et étendue au sein de l’organisation.