Spar, le distributeur présent en Afrique australe et en Europe, se voit contraint de mettre en pause son ambitieux projet SAP. Cette décision fait suite à une première phase de déploiement particulièrement chaotique, qui a sérieusement affecté la rentabilité de l’entreprise. Il faut dire que le projet n’a pas produit les résultats escomptés.
L’entreprise sud-africaine spécialisée dans la logistique et la distribution Spar, présente dans 48 pays, est en proie actuellement à une période difficile. Son projet SAP, avec lequel elle lutte depuis déjà plusieurs mois, se présente comme un échec cuisant. Très récemment, la société a admis dans son dernier rapport annuel que son nouvel ERP a entraîné des pertes de ventes significatives. D’ailleurs, le centre de distribution du KwaZulu-Natal, habituellement rentable, a subi une perte importante de plus de 10 millions d’euros. Cette situation a également affecté la marge des activités de l’entreprise en Afrique. Malgré un chiffre d’affaires global solide, ce souci pose de sérieux obstacles à l’entreprise.
Répercussions des problèmes du système sur les détaillants
Bien avant SAP, Spar a connu des perturbations majeures dans la chaîne d’approvisionnement et les entrepôts, ainsi que des difficultés dans la gestion des marges et la visibilité des prix – d’où la mise en place du projet. Bien que ce dernier ait été lancé pour rationaliser les processus et améliorer la visibilité des données, la complexité et la rigidité des protocoles ont entraîné d’importantes inefficacités opérationnelles. Cette situation a causé une perte de confiance des détaillants, les poussant à se tourner vers d’autres fournisseurs. Cela a entraîné une baisse des taux de fidélisation de 10 à 15 % et des pertes de revenus considérables.
Pour remédier à ces défis, Spar a mis en place un plan de formation et d’adaptation de la solution, incluant de nouveaux tableaux de bord pour une meilleure visibilité sur les prix. L’entreprise anticipe que le système amélioré sera pleinement opérationnel dans les mois à venir.
Grâce à ces ajustements stratégiques, Spar vise à retrouver ses niveaux de rentabilité antérieurs. Pour fournir un comparatif des performances avant et après les améliorations, Spar utilisera ces nouveaux outils pour évaluer l’efficacité de l’ERP et ses impacts.
Un nouveau départ plus prudent
À titre de comparatif, les problèmes rencontrés par Spar rappellent vaguement ceux de l’industriel américain Lamb Weston, du retailer britannique Asda et du distributeur français Gifi, chacun ayant subi des conséquences. Cela étant dit, le sujet SAP est crucial pour l’entreprise et elle ne souhaite pas abandonner malgré le fait que le précédent DSI a dû quitter son poste fin 2023, officiellement pour raisons personnelles, mais probablement en lien avec ce projet.
Pour gérer la situation, le conseil d’administration a mis en place un comité de pilotage pour l’implémentation dans la région pilote, ainsi que les comités d’audit et des risques. Ce dernier a mené une analyse post-implémentation du déploiement au KwaZulu-Natal, lancé en février 2023. Des ajustements ont été apportés à la gouvernance, à la migration des données et à la formation des utilisateurs. Le groupe a aussi opté pour un système de gestion d’entrepôt distinct, CSNX, pour les futures mises en œuvre.
Toutefois, même avec les efforts et la supervision externe, le groupe reste prudent. Ce dernier a d’ailleurs déprécié son actif SAP de 5,5 millions d’euros pour refléter les défis rencontrés sur le projet – qui représente tout de même un investissement total de 93 millions d’euros. Ainsi, le nouveau plan de déploiement vise donc à limiter les risques en se concentrant sur une des plus petites divisions du groupe, avec une seconde étape prévue pour septembre prochain.